La revanche des petites nations

Stéphane Paquin, Bulletin d'histoire politique.

Publié le 30 décembre 2002

Il n’y a pas si longtemps, la communauté épistémologique ne donnait pas longtemps à vivre aux petites nations comme le Québec, l’Écosse et la Catalogne. Sous les forces de la modernisation et, aujourd’hui, de la mondialisation, on ne voyait pas comment de petits ensembles culturels arriveraient à se reproduire. Au pire, pensait-on, les petites nations allaient se dissoudre dans de plus vastes ensembles, au mieux, elles allaient se folkloriser inexorablement comme les Cajuns en Louisiane. L’histoire est cependant imprévisible et c’est le contraire qui s’est produit. Les petites nations reprennent l’avantage, elles prennent leur revanche sur l’Histoire. Loin d’être assimilée, leur culture s’exporte dans le monde; loin d’être sous-développés, leur société civile et leur pluralisme associatif sont très denses. Leur niveau de vie par habitant caracole au sommet. Leur population est très instruite et, en Catalogne et au Québec, souvent bilingue voire trilingue. Pour ne prendre que l’exemple du Québec, aujourd’hui certains auteurs nous assurent que 94% des Québécois disent parler le français 1• La moitié de la population active est bilingue. À Montréal, ce chiffre grimpe à 64%. De plus, 16% de la population québécoise est polyglotte. Le renversement de tendance est surprenant. Au niveau de l’éducation, 40% des 25 à 64 ans ont fait des études post-secondaires ce qui représente un des meilleurs taux des pays de l’OCDE. Si on ne parle que des enfants de la Révolution tranquille, le Québec se hisse au sommet.

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Stéphane Paquin

Professeur, École nationale d'administration publique
Directeur exécutif du GÉRIQ